14 octobre 2022

Comprendre les mécanismes physiologiques derrière l’endométriose pour mieux soulager les symptômes

Qu’est-ce que l’endométriose ?

L’endométriose est une maladie gynécologique qui est caractérisée par la présence de tissu endométrial en dehors de l’utérus, dans des endroits comme les ovaires, les ligaments utéro-sacrés, les intestins, la vessie, le rectum, …

C’est quoi le tissu endométrial ?

C’est un ensemble de cellules qui se comportent de la même façon que celles de l’endomètre. Cela veut dire que le tissu endométrial réagit aux variations hormonales au cours du cycle menstruel.

C’est quoi un endomètre ?

L’endomètre, c’est une couche de cellules qui tapisse l’intérieur de l’utérus. Pour donner une image, c’est un petit coussin de sang sur la paroi de l’utérus qui :

  • S’épaissit en première partie de cycle pour que l’ovule puisse s’y nicher confortablement s’il est fécondé.
  • Se désintègre en deuxième partie de cycle pour finalement s’écouler par le vagin si l’ovule n’est pas fécondé.

Dans l’endométriose, la femme a donc des cellules qui suivent aussi ce schéma … mais en dehors de l’utérus.


Qui est concerné par l’endométriose ?

L’endométriose touche plus de 1 femme sur 10 en âge de procréer, soit 1,5 à 2,5 millions de femmes en France selon l’Inserm ! Et étant donné sa complexité (multiples formes et symptômes), le diagnostic met en moyenne 7 ans à être posé.

L’endométriose est une maladie :

  • Bénigne … mais chronique. L’OMS définit une maladie chronique comme une maladie « de longue durée qui, en règle générale, évolue lentement et pour laquelle il n’y a pas de tendance à la guérison ». De ce fait, on surnomme parfois l’endométriose le « cancer qui ne tue pas ».
  • Invalidante, en raison de l’intensité et de la multitude des symptômes qui peuvent grandement impacter la qualité de vie des femmes concernées. En tête des symptômes, le trio douleurs pelviennes, fatigue chronique et troubles digestifs, auxquels s’ajoutent parfois les dyspareunies (douleurs aux rapports), les dysuries (troubles urinaires), l’anxiété et la dépression, les troubles de la fertilité, … Liste non exhaustive !

Pourquoi certaines femmes ont plus mal que d’autres ?

Différentes formes d’endométriose

Aujourd’hui on ne parle plus de stades d’endométriose, mais de formes d’endométriose :

  • L’endométriose superficielle : présence de tissu endométrial à la surface du péritoine (membrane qui tapisse l’abdomen).
  • L’endométriose ovarienne (endométriome) : kyste sur l’ovaire constitué de tissu endométrial.
  • L’endométriose pelvienne profonde :  lésions en profondeur sous la surface du péritoine (sur les ligaments utérosacrés, le cul-de-sac vaginal postérieur, l’intestin, la vessie, …).

On parle également de :

  • Endométriose diaphragmatique et thoracique, pour caractériser des formes (plus rares) d’endométriose où les lésions se retrouvent localisées loin de la cavité utérine (sur le diaphragme et le thorax).
  • Adénomyose, pour caractériser une endométriose interne à l’utérus : dans l’adénomyose, le tissu endométrial s’infiltre dans le myomètre (le muscle utérin) qui est juste à côté de l’endomètre.

On peut cumuler plusieurs types d’endométriose.

 

L’origine des douleurs

Il est important de comprendre qu’il n’y a pas de corrélation entre l’intensité des symptômes et l’étendue (superficielle ou profonde) des lésions d’endométriose. Une endométriose superficielle peut être très douloureuse en raison notamment de la présence de nombreux nerfs ! A l’inverse il existe des endométrioses asymptomatiques, découvertes de manière fortuite au cours d’un examen.

Ainsi, dans l’endométriose, les douleurs sont liées à un ensemble de facteurs :

  • L’inflammation des organes à proximité des lésions d’endométriose.
  • Les adhérences entre les organes : avec le temps, le corps recouvre les lésions d’endométriose de tissu cicatriciel, ne sachant qu’en faire d’autre, comme pour les camoufler … Et, pour utiliser une image, ces adhérences sont un peu comme des chewing-gums qui viennent coller les organes entre eux, gênant leur bon fonctionnement.
  • Les nodules : ce sont des lésions fibreuses et dures que l’on retrouve dans l’endométriose profonde et qui peuvent générer des douleurs (par exemple un nodule sur le rectum génère des douleurs à la défécation).
  • L’infiltration possible des cellules endométriosiques dans des nerfs (par exemple le nerf sciatique), provoquant des douleurs neuropathiques.

Pourquoi l’endométriose touche-t-elle certaines femmes et pas d’autres ?

On ne connait toujours pas précisément et avec certitude tous les mécanismes physiopathologiques qui conduisent au déclenchement de l’endométriose. Il existe plusieurs théories (théorie du reflux menstruel, théorie des cellules souches, théorie métaplasique, …), et à l’heure actuelle aucune d’entre elles ne parvient à expliquer à elle seule tous les mécanismes de l’endométriose. Il semblerait que l’endométriose résulte de l’action combinée de nombreux facteurs, dont :

  • L’hérédité : les femmes ayant dans leur famille au moins leur mère, une grand-mère ou une tante touchée par l’endométriose auraient plus de chance de développer une endométriose.
  • L’épigénétique, c’est-à-dire l’influence de notre environnement dans l’expression ou non de certains gènes. Par environnement on entend : alimentation, stress, activité physique, perturbateurs endocriniens, … Et c’est là que la naturopathie intervient !


Sur quels mécanismes avez-vous le pouvoir d’agir pour limiter les symptômes et le développement de l’endométriose ?

Je vais en citer deux.

L’inflammation

L’inflammation, c’est la réponse naturelle du système immunitaire face à une agression, dans le but de rétablir la situation normale. Cela peut être pour lutter contre un virus, une blessure, … ou des cellules de type endométrial présentes là où elles ne devraient pas l’être. Lorsque le système immunitaire n’arrive pas à lutter contre l’agression, l’inflammation s’installe. C’est le cas dans l’endométriose : le système immunitaire n’arrive pas à détruire ou éliminer les lésions d’endométriose et l’inflammation s’installe. Cette inflammation chronique finit par avoir des conséquences sur d’autres tissus sains. On retrouve d’ailleurs une inflammation chronique associée à de nombreux problèmes de santé : diabète, arthrite, maladies cardiovasculaires, dépression, obésité, …

Certains facteurs renforcent l’inflammation, notamment : le stress oxydatif, les intolérances alimentaires, la résistance à l’insuline, les aliments transformés, le stress chronique, … La bonne nouvelle, c’est que sur ces paramètres-là, on peut agir ! En les corrigeant, via l’alimentation en priorité mais aussi en s’appuyant sur des compléments alimentaires bien choisis, il est possible de limiter, voire de réduire significativement l’inflammation et les différents symptômes qui en découlent (douleurs, troubles digestifs, …).

L’imprégnation oestrogénique

Œstrogènes en abondance

Le terme « imprégnation oestrogénique » fait référence à la fois la quantité d’œstrogènes circulant dans le sang, mais aussi à leur niveau d’activité (les œstrogènes sont en particulier activés lors des 14 premiers jours du cycle, puis désactivés par le foie après l’ovulation pour laisser place à la progestérone) et à la durée d’exposition.

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’une forte imprégnation oestrogénique augmente la prolifération des cellules endométriales. Pourquoi ? Parce que ce sont les œstrogènes (plus précisément leur fraction appelée « œstradiols » ou « E2 ») qui sont responsables de l’épaississement de l’endomètre en première partie de cycle. Comme on l’a expliqué au début de cet article, les lésions d’endométriose sont elles aussi sujettes aux variations hormonales : épaississement puis désagrégation. Tout pareil, mais en dehors de l’utérus. Et sans possibilité d’être éliminées ensuite par le vagin.

Si vous m’avez suivie (oui ?), vous voyez que l’imprégnation oestrogénique, en augmentant la prolifération des cellules endométriales, favorise l’inflammation … Comme si on avait besoin de ça !

NB : c’est notamment pour cette raison que la médecine conventionnelle propose souvent en traitement de première intention une pilule oestro-progestative (Leeloo, Ludéal Gé, …) ou progestative (Sawis Gé, Optimizette, …) à prendre en continu. La libération en continu dans le corps d’un progestatif (progestérone de synthèse) permet de bloquer la sécrétion d’œstrogènes par les ovaires, et inhibe donc le développement de l’endomètre et des cellules endométriosiques potentiellement présentes en dehors de l’utérus.

Diminuer l’imprégnation oestrogénique

L’imprégnation oestrogénique peut être augmentée si :

  • On sécrète beaucoup d’œstrogènes, par exemple en cas d’excès de masse grasse (car
  • les cellules graisseuses sécrètent des œstrogènes ET des molécules favorisant l’inflammation).
  • On favorise l’activation des œstrogènes secrétés, par exemple en cas de forte consommation d’acides gras saturés (viandes grasses, crème fraiche, viennoiseries, fritures, …).
  • On élimine mal les œstrogènes en deuxième partie de cycle : là c’est peut-être le foie qui rame.
  • On s’expose à de nombreux perturbateurs endocriniens. Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques ingérées (pesticides, phtalates et bisphénol A dans les plastiques, …), respirées (pollution, solvants, …) ou absorbées par la peau (parabènes, filtres UV chimiques, silicones, …) qui miment l’action de nos hormones sexuelles, entre autres de nos œstrogènes dans le cas des xénoœstrogènes.

Je vous donne en mille la deuxième bonne nouvelle : sur ces 4 paramètres (masse grasse, acides gras saturés, foie chouchouté, perturbateurs endocriniens), on peut agir ! S’il y a encore beaucoup d’inconnues dans l’endométriose, il y a aussi des paramètres sur lesquels on peut agir pour reprendre le pouvoir … Alors pourquoi s’en priver ?


La naturopathie pour agir sur ces mécanismes

Vous aider à lutter contre l’inflammation et à réduire l’imprégnation oestrogénique, à travers la mise en place d’une alimentation et d’une hygiène de vie adaptées et par un soutien micronutritionnel précis et de qualité,  … C’est tout l’objectif de l’accompagnement en naturopathie dans le cadre d’une l’endométriose !

 



L’accompagnement naturopathique ne remplace pas l’accompagnement médical.